Il est 7 heures. France Inter blablate. C'est l'heure des infos. En France, le couvre-feu est avancé à 18 heures. Pas de grand changement pour moi puisqu'à cette heure, en général, je suis déjà cloîtré chez moi. Je zappe sur radio Meuh et me laisse bercer par la musique. Sur mon bureau, une tisane gingembre-citron fume à côté de la tasse vide de mon café. J'essaye de rassembler mes idées, de tirer les leçons de ma détresse d'hier, de faire que tout ne recommence pas mais il est difficile de sortir de ses ornières.
La météo est si dégueulasse aujourd'hui que je vais encore passer une journée entre mes murs à ne rien vouloir vraiment si ce n'est bouffer, dormir ou enfoncer ma tête dans mes écrans, jusqu'au cou. Et puis bien sûr, je vais devoir gérer mes angoisses comme la peur d'être malade, de perdre ma mère, de voir sombrer ce monde dans une telle violence qu'elle arriverait en bas de chez moi.
La déprime s'installe. Je le sens car je m'énerve pour des broutilles, jure comme un charretier lorsque je commets une maladresse, qu'un truc me résiste ou que les choses ne se passent pas comme je veux. Je balance des « Putain de bordel de merde !» et des « Fait chier !» à tout va.
L'angoisse monte, suivie par la colère car je prends conscience que le temps qui me reste risque fort de ne pas être la crème de mon existence. Je vieillis, le monde tangue, je n'ai plus suffisamment de force et j'en ai pleinement conscience. Le seul évènement qui pourrait me tirer de là, c'est une histoire d'amour, une vraie. Le genre de chose qui arrive mais ne se décide pas, une loterie qui ne m'a que rarement été favorable jusqu'à présent.
Claude Lelouch, ce grand penseur, disait dans l'un de ces films, « La Belle histoire », il me semble, qu'« Il y a des vies pour apprendre à s'aimer et des vies pour s'aimer vraiment. » Ça doit être ça, je ne suis pas dans la bonne vie. Dommage ! La prochaine fois, peut-être ?! Je méritais sûrement d'avoir la vie que j'ai eue, selon les lois de la réincarnation. J'ai dû être vilain avant. Me voilà puni.
La religion est très manichéenne. Elle s'adresse à de grands enfants qui attendent des réponses simples aux questions complexes que pose l'existence. Elle résout le mystère de la mort, n'est-ce pas merveilleux ? Comme chaque croyance offre sa variante en matière de vie après le trépas, à nous de choisir celle qui nous convient le mieux. Il est toujours possible de s’arranger. Ainsi, les nazis avaient de la religion, comme quoi cette dernière n'est jamais incompatible avec un fonctionnement quelque peu original. Bref, quelle qu'elle soit, la religion pourrait reprendre sans problème le slogan de Mc Donald :
« Venez comme vous êtes. »