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Le blog de memoires-polaroides

Le blog de memoires-polaroides

Ce blog raconte en majeure partie la vie de son auteur. Au fil de ses articles, ce dernier livre ses états d'âme et dépeint le monde qui l'entoure à sa façon.


Lisbonne 2

Publié par memoires-polaroides sur 24 Octobre 2015, 16:22pm

Lisbonne 2

Me voilà dans un endroit mythique de Lisbonne, le café A Brasileira. Pessoa y avait ses habitudes. D'ailleurs, on l'a statufié sur la terrasse. C'est mon dernier jour dans cette ville attachante et belle. J'ai trouvé beaucoup de poésie dans son petit bordel, ses imperfections essentielles. On est loin, tel que je le connais en Suisse, de ce soucis maladif du détail qui étouffe la fantaisie, et c'est tant mieux. Mon retour en France voisine des helvètes va me faire l'effet d'une coupe au carré après quatre jours de cheveux longs. Il est 9 heures. Des clients prennent leur café au comptoir, debout. Quelques touristes se pointent, facilement reconnaissables à leur façon de sourire, d'être exagérément aimables. Les Lisboètes ne s'emmerdent pas comme ça, ils susurrent « Bom dia » et attendent leur café en mangeant une pâtisserie prise sans demander, et puis ils n'ont pas le guide du routard à la main et une banane autour du ventre. Lorsque les gens sont chez eux, ils ont une façon de déambuler particulière. Il n'y a pas d'hésitation dans les gestes, pas de regards de curiosité ou d'étonnement mais juste une aisance, une fluidité rassurante qui tient malgré tout le visiteur à l'écart.
Le café se remplit. Il y a un type, un touriste, qui photographie tout avec son reflex, le moindre objet, comme s'il avait affaire à une scène de crime. Il commande un expresso qu'il avale en deux gorgées et repart comme un voleur. Les gens mitraillent avant de poser leur cul, avant de regarder autour d'eux avec leurs yeux nus, avant de s'imprégner du décor. Les écrans sont détestables.
J'ai la sensation d'être dans cette ville depuis deux semaines et il me semble que c'est bon signe. Elle laisse en moi de bonnes traces. Les Lisboètes ont l'air d'avoir le temps, ainsi, je leur emboite le pas sans trop souffrir, en maintenant ma tension capricieuse, je le sens, à un niveau très raisonnable. Genève est malade de trop de fric et des bagnoles qui la constipent. On y court sans cesse, comme dans beaucoup de grandes villes. À Lisbonne, la bouffe, les cafés, la beauté des rues, des filles à la peau mate, des trams, des azulejos, des petits pavés, de la plage en dessous, du ciel bleu d'un mois d'août qui n'en finit pas de mordre sur septembre, tout cela me laisse à penser qu'en ce qui concerne la vie, il y a ici comme un savoir faire.
Le café A Brasileira ressemble à une ruche maintenant. Trois vieux ont squatté la table où je suis assis et j'en suis ravi, moi, le loup solitaire en manque de lien social, d'un os à partager. Ils papotent en épluchant les nouvelles, débattent sagement. Apparemment, il s'agit d'un rendez-vous quotidien, d'un rituel vital. Même si j'aimerais claquer à 65 balais d'une embolie foudroyante, je me dis que vieillir comme ça, loin de l'hospice, dans la chaleur de ces longues amitiés, largement en dessous de la vitesse autorisée, alors pourquoi pas.
Je suis ici depuis une heure et demie. Je vais bientôt quitter le café de Fernando pour aller me perdre dans le quartier. Je vais marcher au gré de mes envies, de mes attirances, et lorsque mes jambes seront fatiguées de me trimballer, je sortirai mon plan pour rejoindre une station de métro. Je veux aller à Belém voir le Monastère des Hiéronymites mais j'ai le temps et compte le prendre. J'adore faire les choses au ralenti, décomposer le mouvement, tirer ma flemme avec l'élégance due à ma grande expérience.
Je reviendrai ici.

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