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Le blog de memoires-polaroides

Le blog de memoires-polaroides

Ce blog raconte en majeure partie la vie de son auteur. Au fil de ses articles, ce dernier livre ses états d'âme et dépeint le monde qui l'entoure à sa façon.


Autarcie

Publié par memoires-polaroides sur 18 Avril 2020, 15:15pm

Catégories : #C'est du sérieux...

Autarcie

La vie des humains n'est jamais une œuvre d'art, tout juste un bricolage maladroit. Chacun se débrouille comme il peut avec son héritage et son expérience. Parfois, tout roule et c'est le pied. Le reste du temps, on patauge en essayant de garder un peu d'élégance.

Aujourd'hui, je sens que la journée va être longue. Je me suis réveillé du pied gauche et c'est avec la tête dans le sac que j'ai fait glisser mes chaussons sur le parquet jusqu'à la cuisine.

Il fait à peine jour. Mon percolateur m'a fait couler un double expresso que je sirote en pensant à tout ce qui nous arrive.

Ce matin, le ciel est un peu voilé mais il laisse bien plus de bleu que de blanc. Une journée de soleil et de solitude s'annonce. Une de plus. Je me retrouve face à moi et je crois que je n'ai plus grand chose à me dire, depuis le temps que je joue cartes sur table... Je sais ma force, mes faiblesses. Je m'en accommode.

Depuis mon sixième étage, je regarde les champs de colza en fleur qui colorent en jaune la pente légère menant à l'ancienne douane de Satigny, perdue dans la campagne suisse. Un peu plus loin, tout en haut de la colline, dominant Genève et le pays de Gex, s'étale le village de Choully entouré de ses vignes. Ma bouche se souvient encore du goût du vin, rouge ou blanc, que j'aimais boire dans les restaurants de ce coin-là, souvent en compagnie de ma mère. Les noms des cépages me reviennent en mémoire comme autant de prénoms familiers. Gamay pour le rouge. Chardonnay, Chasselas et Pinot pour le blanc, entre autres. Il suffit que l'on soit privé des choses pour que l'on ait une envie forte d'en jouir. La nature humaine est ainsi faite. L'absence peut générer des petites obsessions.

Mais ce qui me manque le plus, indéniablement, c'est de me poser dans un café et d'écrire en observant les gens. C'était là ma principale nourriture sociale. Pendant 20 ans, j'ai usé mes jeans sur les banquettes des bistrots et mes stylos sur les pages de carnets épais alors rester chez moi, seul, ça me fiche quand même un drôle de coup. Me voilà coincé entre quatre murs et il me semble que ma prose s'épuise à parler de ce foutu virus. J'ai envie de sortir, de mettre en application toutes ces belles choses qu'on s'est dites. Si on m'en laisse le droit, je serai sage, promis...


 

Le soleil a grimpé dans le ciel depuis que j'ai commencé à écrire. Il a cette clarté intense et brutale que je n'aime pas. Je ne l'apprécie vraiment que lorsque ses rayons sont obliques, peut-être parce que les sujets que frappe sa lumière deviennent alors moins importants que leur ombre projetée. Ce qui s'impose à notre regard, ce qui brille, n'est pas forcément ce qu'il y a de plus intéressant. Je préfère chercher dans le noir quelques lueurs égarées plutôt que de me gaver de photons. C'est une question de tempérament.

Le temps se traîne et le blues qui passe dans ma sono semble le ralentir davantage. La pendule de la cuisine me nargue. Midi est encore loin et j'ai déjà faim. Les repas sont devenus essentiels. Manger est une petite fête à chaque fois et je ne parle même pas de l'apéro...

Je projetais de faire un tas de choses chez moi et il n'en est rien. Le grand ménage de printemps n'aura pas lieu. Je procrastine comme ça n'est pas permis. Il ne faudrait pas qu'une déprime me gagne.

Je ne pense pas sombrer car je suis solide, et puis ma vie intérieure est suffisamment riche pour que j'arrive à gérer l'isolement. Mes rêves sont la récréation dont je suis privé pendant cette drôle de période. Dans mon sommeil, je relâche les rênes et oublie un peu le mors que sont mes angoisses pour entamer un galop dans mes prairies oniriques. Le lien social qui me permet en temps normal de diluer mes peurs est en partie compensé par la liberté dont je jouis lorsque je dors. L'esprit est ainsi fait qu'il doit parfois se reposer et ne plus chercher vraiment de réponses à ses questions.

Être en paix est un état qui me satisfait amplement.

 

Certains cherchent le bonheur, se perdant dans une complexité exigeante et stérile.


Lorsqu'on a traversé beaucoup de tempêtes, on se contente de n'importe quelle mer calme.


Et on se fout pas mal des eaux turquoises des Caraïbes...

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