Business oblige

Le virus a paraît-il muté. La contamination se ferait plus rapidement, notamment en Angleterre. Je sens que la vie que je mène depuis des mois va se poursuivre, que je vais continuer à croupir dans ma solitude affective, sensuelle et sexuelle pendant un bon moment encore. Il se peut bien qu'on ne soit pas au bout de nos surprises. Le réchauffement climatique en amènera bien d'autres. On a pris cette planète pour une poubelle depuis l'ère industrielle et voilà l'addition qui atterrit sur la table.

La météo est pourrie aujourd'hui. Une journée à rester à l'intérieur. Je pense aux cafés qui sont fermés et le resteront probablement jusqu'aux beaux jours. Beaucoup vont crever.

Cette pandémie marque un tournant, du moins dans les esprits. Nous commençons à intégrer que nous ne sommes pas tout-puissants mais dépendants de la nature.

En bon consommateur, j'ai participé à sa destruction. J'essaye de faire plus attention à présent, pendant qu'il est trop tard...

Les ventes sur internet ont explosé. Le choix de sacrifier notre environnement pour maintenir notre économie est clair. Ce système est basé sur la croissance et le profit et rien ne changera. On ne peut qu'assister au naufrage.

Je sais pertinemment que je rabâche des évidences, des choses que savent la plupart des gens, mais l'inertie dont nous faisons preuve malgré notre prise de conscience est tragique et j'éprouve le besoin d'enfoncer ces portes ouvertes dont nous rechignons à franchir le seuil. L'espoir est une saloperie qui empêche d'agir et pousse à attendre passivement que quelque chose se passe. Glisser un bulletin dans l'urne en se disant qu'un candidat va peut-être influer sur le cours des choses n'est pas un combat mais une démission totale. Le mythe de l'homme providentiel mène toujours au gouffre. Le débat doit être collectif, permanent, constructif. Il est aujourd'hui inexistant. Les rênes du pouvoir sont tenues par des gens qui ont créé ce système et en profitent. Ils n'ont aucun intérêt à ce que les choses changent. La sauvegarde des privilèges rime avec destruction. La remise en question de ces derniers est par conséquent le seul remède possible.

« L'écologie sans la lutte des classes, c'est du jardinage. »

Cette citation de Chico Mendes n'a jamais eu autant de sens. Aujourd'hui, tous les partis mettent un peu de verdure dans leur vitrine, de quoi se marrer doucement.

Ça me fait penser à ces supermarchés qui proposent des sacs recyclables pour que l'on fasse nos courses en ayant bonne conscience et dont les rayons débordent de produits polluants.

On finit par ne plus voir ces choses-là. L'incohérence passe inaperçue, signe que le lavage de cerveau fonctionne à merveille.

En définitive, nous ne sommes que des pousseurs de caddie.