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Le blog de memoires-polaroides

Le blog de memoires-polaroides

Ce blog raconte en majeure partie la vie de son auteur. Au fil de ses articles, ce dernier livre ses états d'âme et dépeint le monde qui l'entoure à sa façon.


De là-haut

Publié par memoires-polaroides sur 5 Février 2021, 07:35am

Une photo des Alpes et du Léman prise en mars 2019 dans de bonnes conditions...

Une photo des Alpes et du Léman prise en mars 2019 dans de bonnes conditions...

J'ai marché d'un bon pas autour du petit lac de Divonne, respirant l'air frais de ce mois de février exceptionnellement doux et me voilà à présent dans le col de la Faucille, installé confortablement dans ma voiture garée de telle sorte que je peux admirer le Léman qui s'étale devant les Alpes telle une grande flaque après un orage. Le ciel est couvert. Les montagnes et le lac se colorent d'un bleu peu nuancé. Même la neige sur les cimes, absente aux endroits où la roche est à nu, ne semble pas se complaire dans le blanc.

Je n'entends rien d'autre que mes acouphènes. Parfois, un bolide rompt ce relatif silence en faisant hurler son moteur. Ce col est aussi un défouloir pour les frustrés subissant les radars dans la plaine. Ses lacets au bitume impeccable leur offre un espace de liberté, en somme.

Je pense à cette pandémie, à tout ce qu'elle engendre. Est-il raisonnable de penser que 2021 fera oublier 2020, cette année noire ? L'avenir le dira.

À cet instant précis, j'apprécie d'être seul, de me faire face avec calme, sans me reprocher quoi que se soit.

Entre deux passages de voitures, le silence est étonnant. Je m'en délecte d'autant plus que les dernières semaines furent difficiles à vivre chez moi, à cause du bruit assourdissant des travaux de rénovation de mon immeuble.

C'est peut-être juste ça la vie, un va-et-vient, celui d'un sexe dans un autre, au départ, puis les innombrables allers et retours entre la douleur et son soulagement, jusqu'au dernier souffle, au dernier mouvement du diaphragme, au dernier battement du cœur.

Des automobilistes s'arrêtent sur le parking pour le panorama. Ils dégainent leur téléphone portable afin de faire une photo, sans même prendre le temps de regarder, attitude typique de cette époque. Ont-ils peur d'oublier ? Sont-ils incapables de faire confiance à leurs yeux ? Les Alpes et le Léman ne sont même pas photogéniques aujourd'hui. Leur pâleur ne donnera rien sur un écran. Il faut être là pour apprécier le spectacle. Enfin, les gens mitraillent sans réfléchir. Ils mettront la meilleure photo de ce moment inoubliable sur Facebook avec le sentiment d'avoir apporté une preuve supplémentaire qu'ils ne sont pas nés pour rien.

D'en haut, tout à l'air normal. Comme d'habitude, le jet d'eau punaise Genève au pied du Salève. Comment croire qu'un virus circule activement dans ce paysage qui m'est familier et met un coup de frein aux agitations humaines ? De l'aéroport de Cointrin ne décollent quasiment plus d'avions. Notre machine infernale est grippée. Covidée, plutôt...

Je tourne la clé de contact de ma voiture. Il est temps que je rentre, le couvre-feu est dans une heure.

 

Et dire que je pensais que la vie était sans surprise...

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