Coeurs sauvages

Laisse-moi après l'amour répandre ma chair dans ton pieu divin, m'étirer jusqu'à me déboîter les épaules et la mâchoire, être fainéant à défaire le monde, roter la blonde qui déroule ses dentelles autour de la chope trônant sur la table de nuit, caresser ton sexe avec tendresse, comme je le ferais avec une joue qui se gonfle parce qu'un sourire l'aura poussée. Laisse-moi ne rien dire quand de moi tu attends des mots qui rassurent, te traiter de salope pour mieux te baiser à nouveau dans ton jus. Laisse-moi hurler à la gueule de ceux qui voudraient nous soumettre à leurs lois, leurs frontières. Nous galoperons sur nos terres, seigneurs de nos corps déchirés. Nous nous perdrons dans la jouissance et serons nos propres dieux, unis dans une puissante crispation. Laisse-moi te faire croire que nous nous arracherons à la vieillesse, à la mort et au pourrissement. Mais puisque la nature a horreur du vide, tu vois bien que la mort n'existe pas! Épouvantail qui nous éloigne de la vie... Dévore-moi lorsque je te goûte, harasse-moi lorsque je t'épuise, écroule le monde autour qui nous nargue du haut de sa bassesse. Laisse-moi t'attendre, tendu, alors que tu es déjà là, serrer tes rondeurs comme si je devais les perdre, embrasser ta bouche dans une danse chaude et effrénée, tirer ta crinière en arrière afin de t'égorger de baisers. C'est comme ça que je vis avec toi et que tu vis avec moi. Notre monde se cogne au béton des murs de ta piaule. Dehors, après tout, il n'y a rien d'autre que ton absence, rien d'autre que de la merde et du sang, rien, rien, rien...