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Le blog de memoires-polaroides

Le blog de memoires-polaroides

Ce blog raconte en majeure partie la vie de son auteur. Au fil de ses articles, ce dernier livre ses états d'âme et dépeint le monde qui l'entoure à sa façon.


Pub friction

Publié par memoires-polaroides sur 17 Février 2016, 19:14pm

Pub friction

Ne pas vouloir, prendre de l'air dans ses poumons, se foutre de tout ce qui ne vient pas et saisir les opportunités comme on ramasse des escargots, sans précipitation, confiant. La vie est courte, il est urgent d'étrangler l'espoir et de passer à l'action. Je vais accrocher ma mue crasseuse aux épines d'une ronce et faire peau neuve.

Je rumine ce plan de bataille dans un pub davantage axé sur les résultats de son tiroir caisse que sur le confort de ses clients. J'ai la chance de disposer d'un cul rebondi, adapté aux tabourets de buvette qui hérissent la salle, mais les malheureux culs plats qui viennent vider un demi ici doivent souffrir des ischions. On rencontre d'ailleurs peu de vieux dans cet établissement. Ils lui préfèrent sans doute les banquettes moelleuses de la concurrence, en haut du village.

Je pourrais moi aussi faire ce choix mais le pub d'en haut, aussi confortable soit-il, rince une faune que je préfère éviter tant mon moral est fragile. Cinq minutes dans cet endroit suffisent à me faire perdre tout espoir en la race humaine. La clientèle y est essentiellement masculine et la testostérone qui se dégage des lascars accrochés au comptoir m'indispose autant que si je respirais de l’ammoniaque à même la bouteille. Produite de façon excessive, cette hormone ne fait pas bon ménage avec leurs capacités intellectuelles. C'est donc contraint et forcé que je me rends dans ce rade, pour un rendez-vous ou pour poireauter en attendant l'ouverture d'un commerce alentour.

En fait, je suis dans le pub du bas non pas parce que je m'y sens bien mais parce que je m'y sens moins mal que dans celui du haut. Je pourrais, certes, écrire chez moi mais j'ai besoin de voir des gens évoluer autour de ma table. C'est ce que l'on appelle l'instinct grégaire.

Lorsque j'en ai marre de les entendre bavasser sur l'immobilier, la vie de frontalier, les Suisses et les bagnoles, je rentre dans mon deux pièces pour fignoler le texte que j'ai pondu. C'est ce qui me tient en vie, ce petit travail que je m'impose et qui somme toute est assez agréable.

La bise s'est levée et fait bouger tout ce qui ne parvient pas à lui résister. J'ai toujours aimé le vent. Il donne vie au décor. L’œil s'emmerde moins en regardant les branches des arbres se balancer, les papiers froissés rouler sur le bitume, les robes des femmes se coincer entre leurs jambes, quelques feuilles mortes danser dans un tourbillon... J'aime avancer contre lui, l'entendre feuler dans mes oreilles d'acouphénique, lui laisser mes raconter ses souvenirs de voyage. Il me refroidit la chair mais qu'importe. C'était mon pote d'Afrique, mon ennemi préféré que j'ai remonté de Tiznit à Dakhla, à vélo, la tête enfermée dans un chèche, les jambes gonflées de muscles. J'avançais au pas, sans savoir où j'allais vraiment, avec un appétit de tout ce qui me passait à portée de bouche, de main, d'esprit et de cœur. J'étais vivant comme jamais et je voudrais aujourd'hui, à ce gars que j'étais, prendre quelques braises et tenter de rallumer un petit feu, juste de quoi éloigner les ténèbres et me guider vers d'autres endroits que ces débits de boisson sans âme.

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