Tel le bousier

Publié par memoires-polaroides sur 24 Novembre 2020, 08:07am

Photo Thomas Huntke

12 heures de sommeil au compteur, bang !

J'avais une ardoise au « Café de l'insomnie » que je commence à rembourser... Une bonne chose. Me voilà en forme, reposé et debout à une heure décente puisqu'il est 7 heures du matin. Un expresso fume à côté de mon clavier d'ordinateur pendant que radio Meuh me masse les tympans avec « How Can I Be Sure » des Durand Jones & The Indications (lien en fin de texte). En gros, tout roule. Ce matin, je suis à l'image de ce bousier qui pousse sa petite pelote avec à la fois plaisir et insouciance. C'est peut-être ça le bien-être (le mot bonheur me débecte), ne pas être trop importuné par les relents qui exhalent de notre caca, celui dont on cherche désespérément à ce débarrasser lorsqu'on va mal. Étrangement, tout va bien lorsqu'on accepte sa présence, lorsqu'on le banalise au point de l'oublier, tel un meuble familier dans une pièce, aussi laid soit-il. Il est préférable de savoir qui on est et l'admettre afin de tirer le meilleur parti de son brouillon.

Ce matin, donc, je vais bien et supporte l'inadmissible : l'ombre, la maladie et la mort, ce qui me permet de me concentrer sur l'essentiel qui pour le coup prend toute sa valeur : la vie. C'est fou ce qu'un sommeil correct peu résoudre comme problèmes ! Dans mes rêves, cette nuit, il me semble que j'ai rouvert quelques dossiers épineux, notamment celui de mon père, pour y mettre un peu d'ordre. Un dossier inclassable puisqu'il est mort il y a 14 ans et que la grande discussion que j'aurais dû avoir avec lui n'a jamais eu lieu ailleurs que pendant mes nuits agitées.

Je vais essayer de mieux manger, de taper un peu moins dans la gourde et de me reposer d'avantage. Ce confinement me bousille un brin l’hygiène de vie alors il me faut redresser la barre. Un petit défi, en somme.

Mon expresso avalé, j'arrache un carré de papier blanc de mon bloc et me griffonne un petit programme pour la journée, léger. Je ne dois pas oublier l'état dans lequel j'étais ces deux derniers jours. Un peu d'auto-compassion, que diable ! C'est vrai, on est toujours en train de s'asticoter avec des pensées culpabilisantes, en petit bourreau insatiable. Se foutre la paix est un bon entrainement pour ensuite la foutre aux autres.

La faible lumière de cette matinée ennuagée s'est installée dans ma cuisine. Je suis assis à mon bureau, volets clos, tel un fœtus peu pressé de sortir du ventre maternel, et pourtant, il va bien falloir que je m'active un peu.

Réduire le temps que je passe devant les écrans fait partie de mes résolutions alors je retourne à la vraie vie...