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Le blog de memoires-polaroides

Le blog de memoires-polaroides

Ce blog raconte en majeure partie la vie de son auteur. Au fil de ses articles, ce dernier livre ses états d'âme et dépeint le monde qui l'entoure à sa façon.


La belle survie

Publié par memoires-polaroides sur 19 Décembre 2020, 09:36am

La belle survie

Il est 8 heures du matin. Voilà à peine une heure que je suis debout et déjà la fatigue me gagne, accompagnée d'une douleur diffuse, générale, comme si mon corps refusait l'état de veille.

La voix sensuelle de Leon Bridges me pousse à retourner sous ma couette. J'ai besoin d'un café. D'une douche aussi. Je dois sortir de ma léthargie. Mes acouphènes hurlent dans ma tête telles des sirènes alors je baisse le volume de mes haut-parleurs qui déjà n'était pas très fort.

Je retourne à Nyon aujourd'hui pour prendre le bateau et traverser le Léman direction Yvoire. J'ai besoin de changer d'air et puis l'idée de traîner ma solitude en hiver dans ce village de Haute-Savoie saturé de monde en été me plaît. D'après la météo, le soleil pourrait faire quelques apparitions. En tout cas, la pluie n'est pas au programme cet après-midi.

Les cafés et les restaurants sont fermés côté français. J'irai prendre un chocolat à Nyon, en terrasse, en revenant d'Yvoire. Je boude encore les espaces confinés mais j'ai une telle envie de retrouver mes habitudes de bistro que j'accepte de me peler à une table dehors pour boire un verre, emmitouflé dans une doudoune, un bonnet vissé sur la tête. Regarder les passants, les bâtiments, la fontaine, les moineaux en quête de nourriture, deviner le sourire de la serveuse derrière son masque, griffonner quelques réflexions sur la vie, bidouiller mon téléphone de temps en temps, tout cela m'est nécessaire. L'isolement que je vis depuis des mois commence à me peser. Je vois très régulièrement ma mère, il est vrai, mais j'ai d'autres besoins. Elle aussi, j'imagine. Ma stabilité mentale ne semble pas être en danger pour l'instant mais elle est affectée par le manque de contacts qu'engendre cette pandémie. C'est étrange mais je sens les changements qu'elle opère jusque dans mon corps. Cela ressemble à une sorte d'intoxication.

Il n' y a guère de chance que les cafés rouvrent après les fêtes. Du moins en France. Les contaminations vont probablement exploser. Le vaccin est pour l'instant la meilleure solution pour moi, même si les risques ne sont pas absents. J'ai besoin de retrouver une vie un peu plus équilibrée socialement, affectivement, sexuellement. Je sens bien que je ne pourrai pas gérer cette situation encore bien longtemps sans y laisser le peu de plumes qui me restent. D'ailleurs, je ne sais même pas comment j'ai fait pour tenir jusqu'à maintenant...

Je jette un œil dehors. Le ciel est laiteux et l'horizon se perd dans le brouillard. Il n'y a guère d'espoir que le soleil se montre ce matin. Ça fait un moment qu'on étouffe dans cette purée de pois. Je comprends que certaines personnes n'en peuvent plus. Quand il n'y a plus de relation humaine, plus de boulot, plus de fric, plus d'avenir, la respiration devient impossible et l'on ne veut qu'une chose, que ça s'arrête. La solidarité montre ses limites. Les plus faibles seront sacrifiés pour sauver un système basé sur la rentabilité.

 

Les gens fragiles sont les plus touchants, les plus beaux.

 

Ils partiront avec des trésors, chassés par du mépris.

Le château d'Yvoire

Le château d'Yvoire

Yvoire

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