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Le blog de memoires-polaroides

Le blog de memoires-polaroides

Ce blog raconte en majeure partie la vie de son auteur. Au fil de ses articles, ce dernier livre ses états d'âme et dépeint le monde qui l'entoure à sa façon.


Pleure !

Publié par memoires-polaroides sur 23 Novembre 2023, 14:20pm

Pleure !

Une déchirure dans les nuages bas qui nous étouffent depuis des semaines permet au soleil de cracher un peu sa lumière sur ma petite ville dortoir vidée de ses pendulaires partis bosser en Suisse.

Erik Truffaz enfonce dans les profondeurs de mon cerveau le son métallique de sa trompette qui tel un sabre bienveillant perce l’abcès de mes peines enfouies. Une respiration profonde m'aide à retenir mes larmes. Pleurer en public reste tabou, d’autant plus pour un homme. Mon père n’était pas de cet avis et je dois lui rendre cet hommage, même si malgré ça je déteste laisser couler ma tristesse en dehors de mes murs. Seul, je pleure souvent, sans retenue. Une nécessité pour évacuer mes angoisses. Je ne consomme plus d’anxiolytique ni de somnifère depuis des années. J’évacue au lieu de m'anesthésier avec de la chimie, c’est beaucoup plus sain et efficace.

Le soleil semble s’installer un peu et inonde le salon de thé où j’ai pris quelques habitudes.

La maladie me clouant au sol, ma vie s’écoule la plupart du temps sans que rien d’extravagant ne se passe. Une routine parfois pesante. Je dois me contenter de petits riens, d’observations banales, de dissertations sur des choses simples.

Mes amis reviennent de l’autre bout du monde, leur téléphone rempli de photos incroyables, l’esprit chamboulé par ces ailleurs si différents… Et moi je reste ici, chez moi où dans des cafés à regarder les gens vivre, les piafs sautiller sur des terrasses vides, les nuages passer, une mouche tourbillonner dans l’air une dernière fois avant de crever parce que l’hiver arrive.

Le voyage, je suis tombé dedans lorsque j’étais petit. 1988 : l’Afrique. 8 mois magnifiques à vélo mais un retour catastrophique. Folie, dépression. Aujourd’hui, c’est mon corps qui fatigue. Bref, je n’ai pas vraiment de raison de me plaindre, ma vie fut riche et elle l’est toujours, d’une autre façon. C’est juste qu’il me faut renoncer à certaines choses, rebattre les cartes, et que mon tempérament n’est pas toujours de cet avis… C’est aussi pour ça que je pleure parfois. Une sorte de découragement.

Et puis il y a le monde, la violence des hommes et ce constat terrible : nous n’avons rien appris. Rien. Où alors à oublier. Les fascismes de tout poil gagnent du terrain, foulant au pied ce qui reste de libertés.

Il m'arrive de vouloir arrêter tout ça, cet anéantissement de la pensée, mais j'aime trop la vie. J'ai encore à faire ici, du plaisir à prendre et je ne vais pas le laisser s'échapper. Un jour, lorsque je serai persuadé qu'il n' y aura plus rien à tirer de cette existence, que je l'aurais pressée comme un citron dont plus une goutte ne peut être extraite, je partirai de moi-même.

Dans un néant bien mérité

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