Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le blog de memoires-polaroides

Le blog de memoires-polaroides

Ce blog raconte en majeure partie la vie de son auteur. Au fil de ses articles, ce dernier livre ses états d'âme et dépeint le monde qui l'entoure à sa façon.


Blues 4

Publié par memoires-polaroides sur 19 Septembre 2014, 11:12am

Blues 4

Mes acouphènes hurlent dans ma tête et ma nuque est douloureuse. Je ne sais pas pourquoi. Je suis allé à l'hôtel B. vers 8 heures, ce matin. Il y avait déjà du monde. Ça jactait dans tous les coins. Des voix d'hommes et de femmes s'entremêlaient. La machine à café n'arrêtait pas de fonctionner. J'adore entendre le bruit de la buse lorsqu'elle chauffe et fait mousser le lait. Pour moi, il n'y a rien de plus rassurant. C'est le bruit de tout café qui se respecte. Par contre, les types qui tournent au blanc tôt le matin, ça fout tout par terre, ça plombe l'ambiance. Tristesse. L'hôtel B. date du début du vingtième siècle. C'était une bâtisse imposante à l'époque, un point stratégique. Aujourd'hui, on y trouve des piaules pas chères et un restaurant ouvrier qui d'après ce que j'ai entendu n'est pas si mauvais. L'accueil est plutôt distant. Il faut être un habitué pour avoir droit à un sourire et à un mot aimable. Je viens seulement depuis cinq ans alors j'ai encore droit à l'indifférence. Ils me connaissent pourtant. C'est comme ça. C'est le genre de rade où la serveuse vous passe le balai quasiment sous les jambes sans s’excuser. Enfin, c'est propre et les consommations sont bon marché pour la région. Vous l'aurez compris, l'hôtel B. n'est pas classe du tout, ni dans l'apparence, ni en ce qui concerne le personnel et encore moins pour ce qui est de la clientèle. Le contraste avec l’hôtel J. est saisissant. La fréquentation de l'un ou de l'autre dépend de mon état psychique. L'hôtel J. est un refuge alors que l'hôtel B. est une immersion dans le bruit et l'agitation nécessitant en ce qui me concerne un bon moral. Souvent, des types ayant tapé dans la gourde plus que de raison rentrent en beuglant des conneries et ça me stresse. Je n'ai que peu de détachement. Tout me touche. Les bruits un peu forts me font sursauter. Au milieu de la foule, j'ai souvent l'impression de naviguer sur un frêle esquif en pleine tempête mais je suis obligé d'en passer par là car au delà de la maladie qui me pousse à la misanthropie et me paralyse, j'aime la compagnie des gens, j'ai besoin de me frotter à eux. Après tout, nous sommes des êtres grégaires, quoi que l'on dise. En fait, je suis ambivalent concernant mes semblables. Trop loin ou trop près d'eux, je ne parviens pas à trouver la bonne distance. La bipolarité engendre des rapports humains un peu plus compliqués que pour le commun des mortels. Nous sommes des hypersensibles avec un sens de l'exagération pas piqué des hannetons. Là où l'on n'exagère pas, c'est lorsque l'on raconte notre malaise, notre douleur. Notre peur est réelle, même si elle est injustifiée. Les actes banals prennent des proportions impressionnantes ce qui fait que la procrastination est notre sport favori.

Ce matin, j'ai quitté l'hôtel B. avec soulagement. Le brouhaha devenait insupportable pour mes oreilles et pour mes petits nerfs. Une fois dehors, je me suis retourné pour regarder la façade du bâtiment, sa terrasse, sa marquise recouverte de tôle. J'ai essayé d'imaginer tout ça en 1900. Ça devait avoir de la gueule, une certaine classe. Tout fout le camp, et moi avec...

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents