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Le blog de memoires-polaroides

Le blog de memoires-polaroides

Ce blog raconte en majeure partie la vie de son auteur. Au fil de ses articles, ce dernier livre ses états d'âme et dépeint le monde qui l'entoure à sa façon.


Blues 5

Publié par memoires-polaroides sur 23 Septembre 2014, 11:14am

Blues 5

Mon salon est faiblement éclairé par le jour naissant. J'ai encore été tiré de mon lit par un sommeil fragile. Je dormirai plus tard dans la journée. Mes acouphènes, ces sirènes du diable, polluent la belle musique de Laura Mvula que j'écoute au casque. Il se peut que j'aille à l'hôtel B. ce matin. J'aime l'ambiance des cafés assez tôt, le bruit du percolateur, les mines parfois à peine réveillées, la radio qui crachote ses informations juste avant l’écœurement. On se dit que la journée commence, qu'il est peut-être possible de se refaire, de rencontrer quelqu'un, de commencer une nouvelle vie. Et puis les heures passent et on se rencontre soi-même, on s'embourbe dans les ornières d'hier en jurant. Nos désillusions vont plus vite que nos rêves, toujours.

J'ai été chercher ma mère à l'hôpital hier. La traversée de Genève fut pénible. La circulation dense et bordélique a généré chez moi un stress important. J'ai même cru à un moment que j'allais tourner de l’œil tellement tout ce merdier m'oppressait. Une jungle urbaine. Je me suis dit que je ne remettrai plus les roues dans cette ville de dingue. Le retour fut à l'avenant. Enfin, ma mère va bien, c'est le principal. Malgré tout, la ville était belle avec la lumière du soir. Genève est magnifique. La bagnole l'assassine. Folie humaine. On appelle ça la liberté. On utilisait le même mot pour le cow-boy Marlboro...

L'immeuble commence à s'agiter. Je devrais faire un peu de ménage chez moi. Les quelques jours de déprime que j'ai subis ont fait que j'ai laissé aller. J'étais en colère contre ma vie, je ne voulais plus rien faire pour l'arranger. Je suis tributaire des cycles de mon cerveau, de sa chimie, bonne ou mauvaise. Lorsque je suis dans une période d'euphorie, il y a un moment où je comprends que je vais redescendre, comme lorsque l'on fait de la balançoire les yeux fermés. C'est une sensation désagréable. La lumière s'en va doucement, l'ombre gagne du terrain.

J'irai plus tard à l’hôtel B. Là, je ne m'en sens pas le courage. Les choses simples deviennent difficiles. Lorsque je change de refuge, je suis comme un pagure sans sa coquille, fragile et vulnérable. Cette faiblesse m'empêche de vivre vraiment. Elle peut être atténuée mais reste incurable. J'ai une volonté de fer. C'est ce qui me sauve, je pense. La bipolarité est un Everest dont on n'atteint jamais le sommet. C'est pendant l'ascension qu'il faut apprendre à avoir du plaisir.

Le soleil caresse timidement la façade de l'immeuble d'en face. La journée commence vraiment. Les gens s'activent, rendent service, produisent, souffrent, prennent du plaisir, jouissent, s'aiment, se méprisent, se détestent. Je regarde tout ça avec inquiétude, avec joie aussi. Je suis en dehors et en même temps en dedans, jusqu'au cou. Je ressens les choses à l’extrême. Mes mains tremblent tels des sismographes. Je capte les humeurs des hommes, en bien comme en mal. En définitive, je suis vivant comme personne. Je mourrai avant l'âge. Épuisé.

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