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Le blog de memoires-polaroides

Le blog de memoires-polaroides

Ce blog raconte en majeure partie la vie de son auteur. Au fil de ses articles, ce dernier livre ses états d'âme et dépeint le monde qui l'entoure à sa façon.


Froid

Publié par memoires-polaroides sur 17 Décembre 2020, 07:43am

Froid

Je suis à Nyon, en Suisse, dans le canton de Vaud.

La petite place du débarcadère, si fréquentée pendant les beaux jours, est triste, déserte. Je suis installé sur une terrasse, attendant d’être servi. Autour de moi, des tables et des chaises trempées. La pluie est passée par là cette nuit et ce matin.

Il y avait un arbre, il me semble, au milieu de cette terrasse. Ils l’ont coupé, à cause des piafs qui chiaient dans les assiettes des clients, probablement. Moins d’ombre, moins d’oiseaux, moins de chlorophylle, l’assurance de ne manger que ce qui vient de la cuisine...

Je commande un chocolat chaud, très chaud. Mon niveau de stress n’est pas négligeable. Au réveil, j’ai coincé toutes les aiguilles dans le rouge.

Une femme, la quarantaine bien entamée, s’empare d’un cendrier en passant à côté d’une table et s’installe sur une autre, juste derrière moi. J’entends le frottement d’une pierre à briquet et l’odeur de sa fumée vient me pénétrer les narines. Voilà qu’elle entame une conversation au téléphone avec le haut-parleur à fond. Décidément, ce n’est pas mon jour. Je finis par me retourner et lui fait signe de baisser le volume. Elle capitule et coupe le son de son engin de torture.

La jeunesse est souvent pointée du doigt en matière d’incivilités et c’est assez injuste. Il n’y a pas d’âge pour faire chier le monde en imposant sa triste intimité à ceux qui ne veulent pas l’entendre… Ce n’est pas une affaire de génération mais d’époque.

À l’intérieur du restaurant, des gens sont attablés et finissent leur repas, au chaud. Je vais aller marcher, au moins une heure. L’envie n’est pas là mais je dois bien ça à mon corps.

Je suis sombre, aujourd’hui. Particulièrement sombre. J’ai la sensation qu’il ne reste plus rien. Ils ont coupé l’arbre, viré les moineaux, il fait moche et le Léman ne ressemble pas à grand chose. On dirait de l’eau. Mon chocolat est fini et je commence à avoir froid. Il est temps que je me dégourdisse les jambes.

15h40. Je suis encore à Nyon, sur une autre terrasse, sirotant un autre chocolat, non loin du café où j’étais avant de faire mon tour. J’ai réfléchi. Il faut que je batte en retraite, sur plein de sujets. Une partie est bien plus détendue lorsque l’on sait qu’on a perdu. On finit pour le geste, et parce qu’il n’y a plus d’enjeu, il se peut que je vienne le plaisir.

Faire les choses essentielles et se foutre du reste.

La circulation se densifie. C’est la sortie du boulot, des bureaux. Un rap paisible balance son flow dans mes écouteurs. Je vais reprendre la route. Je ne suis pas heureux, pas aujourd’hui, par ici. Je limite juste la casse en venant traîner mes guêtres dans cette petite ville, mon fief helvétique. Je me demande pourquoi d’ailleurs j’ai jeté mon dévolu sur Nyon. On s'y emmerde comme ailleurs. C’est sûrement parce que c’est joli et puis il y a le lac avec une belle promenade le long de ce dernier. Je peux croiser un peu monde lorsque l’envie me vient de voir mes congénères, que ma misanthropie prends des vacances. Mais là, c'est particulier. L'hiver, la pandémie... 

Je suis glacé à présent. Ma peau, ma chair, mes muscles, mes organes.

 

Il faut que je rentre.

Froid
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